02 十二月 2006

le "Nouveau monde" de Terrence Malick et le mythe du "bon sauvage"

Le "nouveau monde " est un film d'une richesse et d'une complexité inépuisable. Même si un certain nombre de critiques à sa sortie, se gaussèrent du simplisme de son propos et de la naïveté du cinéaste américain qui, semble-t-il, vantait les mérites du "bon sauvage" contre les vices pléthoriques de l'homme blanc.
En effet on voit chez les "indiens" d'Amérique : ordre (obéissance au chef), harmonie (respect de la nature), beauté (des corps, danses, ...) et chez les colons britanniques (s'installant en 1607 sur cette terre qui deviendra la Virginie) exactement les valeurs inverses: désordre, déloyauté et désobéissance : chacun se dispute la direction du camp, c'est à dire le pouvoir, irrespect de la nature (on coupe les arbres pour construire le fort), violence gratuite. Apparemment la barabarie semble être du côté des colons blancs. Et d'ailleurs l'officier John Smith observant les "indiens" en tant que prisonnier, de constater: "ils méconnaissent la cupidité, le mensonge, la jalousie, ne vivent que dans l'amour et la générosité..."
Mais précisément c'est là non pas le point de vue du cinéaste, mais celui de son personnage qui fait fausse route (tout comme nos chers critiques...)car dès lors qu'un étranger vit parmi eux, les indiens sont nécessairement en représentation, alors que Smith de son côté ne voit que ce qu'il veut voir. Après tout n'est-ce pas cela qu'il est venu chercher, des indiens aussi pures et innocents que la terre vierge qui les entoure ?
Deux indices nous permettent de formuler cette hypothèse de l'incrédulité du cinéaste. Lorsque Smith est amené dans le camp des indiens, le chefs discutent entre eux: de sa mise à mort, du départ des colons ou de de leur maintien et par conséquent du partage des terres, de la mission de Pocahontas qui, puisqu'elle a pris sa défense, est chargée d'apprendre sa langue et d'en savoir plus sur lui, ses projets, etc... En d'autres termes Terrence Malick (et cest bien la première fois dans l'histoire du cinéma) leur donne une rationnalité !!! Or si les indiens sont des êtres rationnels, capables de négocier, de discuter, de mettre en place des stratégies, ils sont autant que les hommes blancs aptes à faire preuve de ruse, de mensonge et de manipulation (dont Smith est la victime sans jamais s'en rendre compte...).
La jeune Pocahontas déjà amoureuse de Smith, en disant: "l'amour peut-il mentir", admet incidemment l'existence du mensonge chez les "indiens" aussi...