23 八月 2006

"Rome ville ouverte"

J’ai regardé « Rome Ville ouverte » de Rossellini. L'historien Shlomo Sand qui critique sévèrement ce film a probablement raison : Rossellini ne veut pas parler de l’Italie mussolinienne, mais de l’Italie occupée par les nazis à partir de 1943.
Il nous montre deux figures héroïques : un curé résistant et un ingénieur communiste qui paieront cher leur engagement (le premier excéxuté, le second torturé jusqu’à la mort). Tout le pays semble ligué, y compris les enfants, contre l’Allemagne nazie et un seul personnage collabore : une femme d’ailleurs lesbienne et droguée...
Comme chez Visconti plus tard, le chef des SS est très efféminé. On établit donc un lien entre le mal et le sexe, nazisme, pornographie, (à souligner que le récent film allemand sur les derniers jours de Hitler dans son bunker, "la Chute", gomme toute allusion sexuelle…) et sentiment de décadence.
Pour autant il faut dire, à la charge de Rossellini, que certains détails l’éloignent parfois de la caricature. Je pense au personnage de l’officier allemand à qui on explique que l’Italien parlera sous la torture car il appartient à la race des esclaves alors que les allemands eux, sont tous des seigneurs. Il récuse ce préjugé et dénonce glogablement la haine qui causera la perte de l’Allemagne. Rossellini nous montre là un nazi qui n’est pas un vulgaire obsédé sexuel, (ce qui est exactement le jugement que le premier Mussolini portait à l’égard de Hitler avant le rapprochement à venir et que les cinéastes italiens ont longtemps illustré) psychologiquement plus complexe, sans quoi il ne serait pas Rossellini.