25 八月 2006

"Une femme est une femme", un film n'est qu'un film ?






J'ai vu cette comédie qui n'est pas si légère que cette affiche ainsi que le nom du personnage d'Anna Karina (Angela) pourraient le laisser penser...

Il faut se rappeler qu'en 1960, Godard a déjà réalisé "Le petit soldat", mais censuré ( il aborde explicitement les "événements" d'Algérie), le film ne sortira qu'en 1963. Entre temps il réalise "Une femme est une femme", film dans lequel l'Histoire n'est pas tout à fait absente. Pour preuve, la scène où deux agents de police font brusquement irruption dans l'appartement du jeune couple que forme Angela et Emile. Ceux-là expliquent très soupçonneux, qu'un attentat a été commis depuis une fenêtre (on pense alors à l'OAS ou au FLN). Et avant de partir l'un d'entre eux reproche à Emile de lire l'Humanité. Le film semble s'arrêter alors tant le changement de ton est brutal, avant de reprendre très vite sur les notes de Michel Legrand.

Par conséquent Godard à travers ces 2 agents de police fait à la fois allusion aux "événements" d'Algérie, et à la censure dont il a été la victime et qu'il invite dans son film le temps d'une scène. Comment ne pas être admiratif ?

23 八月 2006

"Rome ville ouverte"

J’ai regardé « Rome Ville ouverte » de Rossellini. L'historien Shlomo Sand qui critique sévèrement ce film a probablement raison : Rossellini ne veut pas parler de l’Italie mussolinienne, mais de l’Italie occupée par les nazis à partir de 1943.
Il nous montre deux figures héroïques : un curé résistant et un ingénieur communiste qui paieront cher leur engagement (le premier excéxuté, le second torturé jusqu’à la mort). Tout le pays semble ligué, y compris les enfants, contre l’Allemagne nazie et un seul personnage collabore : une femme d’ailleurs lesbienne et droguée...
Comme chez Visconti plus tard, le chef des SS est très efféminé. On établit donc un lien entre le mal et le sexe, nazisme, pornographie, (à souligner que le récent film allemand sur les derniers jours de Hitler dans son bunker, "la Chute", gomme toute allusion sexuelle…) et sentiment de décadence.
Pour autant il faut dire, à la charge de Rossellini, que certains détails l’éloignent parfois de la caricature. Je pense au personnage de l’officier allemand à qui on explique que l’Italien parlera sous la torture car il appartient à la race des esclaves alors que les allemands eux, sont tous des seigneurs. Il récuse ce préjugé et dénonce glogablement la haine qui causera la perte de l’Allemagne. Rossellini nous montre là un nazi qui n’est pas un vulgaire obsédé sexuel, (ce qui est exactement le jugement que le premier Mussolini portait à l’égard de Hitler avant le rapprochement à venir et que les cinéastes italiens ont longtemps illustré) psychologiquement plus complexe, sans quoi il ne serait pas Rossellini.