20 九月 2006

Johnnie To, Benoît XVI et la guerre des médias

"Breaking news" présenté à Cannes en 2004, nous montre en plan séquence, une bande de jeunes gangsters ouvrant le feu sur la police. Rien de bien nouveau, sauf que des caméras sont là et filment les échanges de tirs. Dans le reportage diffusé le soir à la télévision, la police semble dépassée, et même humiliée (on voit un policier-père de famille suppliant un des gangsters de l'épargner...)
Naît d'emblée dans la ville un sentiment d'insécurité qui oblige la police à répliquer en orchestrant l'arrestation de ces criminels en direct à la télévision.
Une guerre médiatique oppose bientôt la police contrôlant et distribuant des reportages aux chaînes de télévision (qui montrent naturellement l'héroïsme de ses agents) et les gangsters qui depuis un immeuble où ils sont repérés envoient via internet, des images démantant la version de la police.

Johnny To pose le problème de la vérité de ces images, de la manipulaiton des médias et de leur rôle dans l'exacerbation de la violence. C'est là que nous rejoignons Benôit XVI: un homme (pas ordinaire, il est pape) fait une conférence dans une université de Ratisbonne. le sujet ? assez classique: la foi et la religion. Sur un texte assez long (que peu de gens ont pris la peine de lire...), il fait une citation de 3 ou 4 lignes pour illustrer son propos (l'islam et la violence).
Les médias décident alors que c'est un événement, l'information est diffusée dans le monde entier, les musulmans jusqu'en Indonésie se sentent humiliés et plutôt que de répliquer par un dialogue construit et argumenté, on se lance dans une guerre médiatique: l'éffigie du pape est brûlée (ce qui conforte plutôt la thèse - ridicule - de la violence consubstantielle de l'islam...)

En bref on se trompe encore de débat en France: la question à mon sens, n'est pas l'islam et la violence mais la responsabilité des médias dans le déclenchement et l'exacerbation de la violence.