Hitchcock et la peinture: "Pas de printemps pour Marnie"


la première perspective nous montre Marnie de dos (mais on devine une femme superbe...) serrant son sac (rempli de l'argent qu'elle vient de dérober): elle marche le long du quai, s'apprêtant à monter dans un train pour changer de ville et de vie, disparaître pour renaître en d'autres termes. Un détail à retenir: la ligne d'horizon est cachée par le personnage.

La troisième perspective est vertigineuse: la scène montre Marnie en train de d'ouvrir un coffre fort alors qu'au même moment sur la gauche toujours, une femme de ménage fait son apparition et s'approche lentement vers nous, c'est à dire de notre voleuse. le suspense est à son comble...
la quatrième perspective est très serrée donnant une impression désagréable à l'oeil, de promiscuité: la ligne de crête des immeubles converge vers un point de fuite situé vers le port. Mais celui-ci est à l'évidence un décor (trucage délibérémment grossier à mon sens), nous sommes dans un studio: Marnie vient rendre visite à sa mère qui jadis accueillait de jeunes marins chez elle...
Enfin le dernier plan du film, nous montre une ultime perspective: nous sommes dans le même quartier pauvre, Marnie et son mari Mark (Sean Connery) sortent de chez la mère où nous venons d'apprendre toute la vérité sur l'enfance tragique de l'héroïne et les raisons de son traumatisme. La perspective est donc logiquement ouverte: on découvre un vrai bateau au loin (et non plus un décor en carton) et des enfants s'animent tout près. Gageons que ce procédé pictural utilisé par Hitchcock est un moyen de nous montrer que l'avenir est ouvert et plein d'espoir pour ce couple.
La peinture pense pour citer le regretté Daniel Arasse...